Comme description de ces trois petits livres colorés, écrits lors d’un hiver au coin du feu avec mon ami, Clément Chabot pour le lancement de la nouvelle collection “Des solutions pour gagner en autonomie!” chez les Éditions Rustica. Je vous partage le texte d’Héloïse qui a su nous émouvoir – lors de la sortie de nos livres dans notre chère librairie Albertine, lieu de partage, de rencontre, de vie auquel nous sommes très attachés·es. 

“Juste un mot pour souligner que dans vos livres j’ai découvert avec étonnement un éloge de la dépendance et de l’interdépendance. Vivre dans un petit espace, produire son électricité, arrêter de faire ses besoins dans l’eau potable, c’est manifestement se rendre plus tributaire des autres, de l’extérieur, des saisons, du temps qu’il fait, des matériaux disponibles autour de nous, d’autres êtres vivants …

On est donc, avec la démarche que vous présentez, à mille lieux d’une recherche d’autarcie. Clairement, la panacée n’est pas d’être autosuffisant, capable de survivre coupé du monde et des autres. Il y a au contraire, dans vos trois livres, une invitation à bouleverser certaines représentations caricaturales ou fantasmées de l’autonomie et à se réconcilier avec les liens nécessaires, qui sont de beaux liens, que l’on peut tisser entre nous et avec nos milieux.

On est ainsi frappé, à vous lire, de ce que peut apporter le fait d’accepter les besoins, contraintes et limitations matérielles comme cadre fini de nos existences et comme invitation à faire nos choix d’habitat, de routines, d’habitudes …

Prétendre s’affranchir des aléas matériels comme nous le promet une certaine technologie en augmentant de fait notre dépendance aux objets et en réduisant notre lien aux autres et aux êtres naturels, est sans doute la pire illusion produite par ces dernières décennies.

Le cap que vous tracez vers l’autonomie et vers la sobriété est donc aussi et surtout un plaidoyer pour la convivialité. À la fois dans le sens d’Illich, convivialité de l’outil qui se soumet aux conditions socio-écologiques dans lequel il est utilisé, plutôt que l’inverse; et convivialité au sens plus courant d’une vie joyeuse avec les autres, où l’opulence du festin est remplacée par la richesse des liens ; ou aux ressources du sous-sol sont préférées celles de la mise en commun.

Dans la méthode même qui a guidé la réalisation de ces livres, vous avez souscrit à ces principes : en les concevant à deux, entre amis; et en allant chercher des témoignages, des idées, des expériences, sur notre territoire même auprès de celles et ceux qui autour de nous expérimentent et partagent.

Merci pour ces trois livres qui sont très beaux et beaucoup plus philosophiques que leurs titres l’indiquent. Merci pour cette invitation à concevoir notre existence tout entière sur le modèle du bricolage, au sens profond que lui donnait Levi Strauss, comme activité d’une intelligence fabricatrice qui sait accueillir le contingent, inventer des détournements, recomposer et produire du sens avec des éléments préexistants. Vous nous proposez des manières de nous mettre en mouvement et de faire des plans qui n’asservissent pas la réalité à une idée, mais qui, de l’observation du monde et de soi fait émerger des solutions toujours singulières, à discuter, à adapter.

Merci pour ces trois petits livres qui sont des manuels pratiques ET des manifestes politiques.” Héloïse

© photos – Cédric Le Guen